Italie : ils devaient travailler jusqu’à 70 ans, le gouvernement recule enfin

L’Italie fait un pas surprenant qui défie les tendances européennes. Alors que plusieurs pays allongent la durée de vie professionnelle, Rome décide de fixer l’âge de départ à la retraite à 67 ans, renonçant à le faire évoluer avec l’espérance de vie. Une décision forte, qui mélange enjeux sociaux, démographie inquiétante et réalité économique fragile.

Un gel inédit de l’âge de départ

Depuis 2019, l’âge légal de départ en retraite en Italie était lié à l’évolution de l’espérance de vie. Cela signifiait qu’il devait augmenter avec le temps, atteignant 69,5 ans d’ici 2050. Mais avec la décision du gouvernement Meloni, ce mécanisme est désormais interrompu.

L’âge de départ est donc gelé à 67 ans. Ce changement marque une rupture nette par rapport à d’autres pays comme la France, où l’âge légal vient tout juste de reculer à 64 ans, ou l’Allemagne, qui envisage également un allongement de la durée de travail.

Pourquoi ce changement maintenant ?

Derrière ce choix, plusieurs raisons se croisent. Tout d’abord, la pression sociale : de nombreux Italiens vivaient très mal l’idée de devoir travailler jusqu’à un âge avancé. Plus de 15 % des seniors sont actuellement sans emploi dans le pays, preuve d’une grande difficulté à rester actif professionnellement en fin de carrière.

En parallèle, un Italien sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Dans ce contexte, l’idée d’un report continu de l’âge de la retraite passait mal. Des syndicats comme la CGIL dénonçaient depuis longtemps un dispositif injuste, notamment pour les métiers physiques ou pénibles.

À lire :  Bonne nouvelle : ces 5 signes vont vivre un week-end de septembre exceptionnel !

Un soulagement social… mais un risque économique

Le gouvernement espère apaiser la colère sociale et donner un signal fort aux classes populaires. Mais ce choix pourrait avoir un coût élevé. En gelant l’âge de départ, Rome renonce à des ajustements qui auraient pu alléger la pression sur les finances publiques.

Selon les prévisions de l’Istat, la dette publique pourrait passer de 135 % du PIB actuellement à 139 % en 2031. La décision inquiète certains économistes comme Tito Boeri, ex-responsable d’un institut statistique, qui parle de conséquences « dramatiques » sur l’endettement du pays.

Une démographie alarmante

La situation démographique italienne accentue les inquiétudes. Avec un taux de fécondité de 1,2 enfant par femme, l’Italie est l’un des pays européens les plus touchés par le vieillissement de sa population. Actuellement, 22 % des Italiens ont plus de 65 ans, contre 19 % au niveau européen.

Ce déséquilibre générationnel complique le financement futur des retraites, car la population active se réduit tandis que le nombre de retraités augmente rapidement.

Des alternatives à l’étude

Pour limiter les effets négatifs du gel, le gouvernement imagine plusieurs ajustements. L’une des options serait d’autoriser un départ anticipé pour les carrières longues. Par exemple, les personnes ayant cotisé 42 ans pourraient partir plus tôt, même si cette mesure reste coûteuse pour les finances publiques.

Giancarlo Giorgetti, le ministre des Finances, propose une solution temporaire : geler le mécanisme d’indexation jusqu’en 2029, tout en surveillant de près l’impact budgétaire trimestre après trimestre.

En parallèle, des incitations fiscales pourraient encourager certains seniors à rester actifs plus longtemps de manière volontaire, visant un équilibre entre justice sociale et flexibilité.

À lire :  "Zuckerberg annonce la fin des téléphones : voici ce qui va les remplacer"

Un pari politique audacieux

Cette décision renforce l’image de Giorgia Meloni comme une dirigeante proche des classes populaires. D’après les sondages, 60 % des Italiens estiment que les retraites sont insuffisantes. Dans ce contexte, bloquer l’âge de départ à la retraite est vu par beaucoup comme une forme de respect envers les travailleurs.

Cependant, le risque est aussi réel : retarder une réforme stricte aujourd’hui pourrait obliger à des mesures plus sévères demain. Le gouvernement marche sur une ligne fine, entre soulagement social immédiat et menace budgétaire à moyen terme.

Quel avenir pour les retraites en Europe ?

La décision italienne relance le débat sur les retraites à l’échelle européenne. L’Union européenne pousse généralement à adapter les systèmes de pension au vieillissement. Mais Rome choisit la voie inverse : celle de la priorité sociale sur la rigueur économique.

Cet exemple pourrait inspirer ou inquiéter selon les pays. Car au fond, il pose une question essentielle : jusqu’à quel point devons-nous travailler pour garantir l’équilibre d’un système, sans basculer dans l’injustice sociale ?

5/5 - (14 votes)
Théo D.
Théo D.

Théo D. est un expert en feng shui et en aménagement d'espace. Avec pour mission d'harmoniser les environnements, il propose des articles pratiques et inspirants pour créer une ambiance sereine et agréable chez soi.