Le solaire est-il victime de son propre succès ? En Chine, la surproduction de panneaux solaires prend une tournure dramatique. Des dizaines d’usines ferment, les prix s’effondrent et le gouvernement intervient d’urgence pour tenter de sauver un secteur stratégique pour l’avenir énergétique mondial.
Une production solaire devenue incontrôlable
Depuis plusieurs années, la Chine a dominé la production mondiale de panneaux solaires. Son objectif ? Devenir le leader incontesté de la transition énergétique. Pour y parvenir, elle a encouragé ses usines à produire toujours plus. Mais cette stratégie ambitieuse s’est retournée contre elle.
La Chine a aujourd’hui une capacité de production de panneaux deux fois supérieure à la demande mondiale. Cet excès massif a provoqué une chute impressionnante des prix des matières premières, notamment le polysilicium, passé de 24 dollars à seulement 5 dollars le kilo.
Résultat ? Les pertes s’accumulent. En 2024, l’industrie solaire chinoise aurait perdu près de 40 milliards de dollars. Au premier semestre 2025, six grands producteurs ont vu leurs dettes doubler pour atteindre 2,8 milliards de dollars. Plus de 50 entreprises ont déjà mis la clé sous la porte.
Quand produire plus ne rime plus avec profit
Ce phénomène montre les dangers d’une croissance sans contrôle. Les marges des fabricants s’effondrent. Certains vendent même à perte pour ne pas rester avec un stock invendable sur les bras. Le risque d’un effondrement total du secteur n’est plus une simple hypothèse.
La situation est si critique que le gouvernement chinois a été contraint d’intervenir. Car derrière la crise industrielle, il y a un enjeu stratégique : l’avenir climatique de la planète. Si les leaders du solaire s’effondrent, c’est toute la chaîne de la transition énergétique qui vacille.
Pékin lance un plan de sauvetage massif
Pour éviter le pire, la Chine agit vite. Un plan de restructuration a été mis en place. Il se base sur plusieurs leviers financiers et réglementaires :
- Une collecte de 7 milliards de dollars par les producteurs, destinée à racheter les usines les plus fragiles
- La fermeture d’environ un tiers des sites de production, considérés comme excédentaires ou obsolètes
- Un durcissement des normes techniques pour encourager l’innovation et la modernisation
Ce plan vise à réduire rapidement l’excès de capacité et à stabiliser les prix. Déjà, certains signes positifs émergent. Les prix des modules produits en Chine commencent à légèrement remonter, ce qui pourrait ramener un peu d’air aux industriels.
Impact mondial : entre craintes et opportunités
Cette réorganisation du marché chinois redessine aussi les équilibres mondiaux. Jusqu’ici, les prix cassés des panneaux solaires chinois bénéficiaient aux pays émergents. Ces derniers pouvaient accélérer leur transition énergétique à moindre coût.
Mais si les prix remontent, ces pays pourraient être ralentis dans leurs projets. En revanche, pour d’autres régions comme l’Europe et les États-Unis, la situation est plus favorable.
Moins de concurrence déloyale signifie plus d’air pour leurs propres producteurs. Des investissements récents dans la fabrication locale commencent à montrer des résultats. Cette nouvelle donne leur donne donc une chance de mieux se positionner.
En parallèle, cette crise pousse de nombreux pays à repenser leur dépendance à la Chine. La diversification des chaînes d’approvisionnement devient une priorité. Une avancée vers un marché plus résilient et plus équilibré.
Vers un avenir plus sain pour le solaire
La Chine semble prête à revoir son modèle. On passe d’une logique de volume à une recherche de qualité et de rentabilité. Cela peut sembler douloureux sur le court terme, avec pertes et fermetures à la clé. Mais sur le moyen et long terme, ce virage pourrait bien renforcer la solidité du secteur solaire mondial.
La leçon est claire : même dans les industries écologiques, il faut trouver le bon rythme. Produire plus n’est utile que si la demande suit. Sinon, c’est tout un système qui risque de s’effondrer… Et c’est aussi un rappel utile : l’équilibre économique reste essentiel, même au nom du climat.




